Exposition collective

OUBLIÉES OU DISPARUES


Akonessen, Zitya, Tina, Marie et les autres.

Mot de la commissaire

En amorçant ma recherche pour cette exposition, j’ai constaté combien les termes génériques comblent les vides laissés par l’histoire.
Une succession infinie de titres tels que L’Indienne, Portrait d’une Indienne, Les jeunes Indiennes… défilent sur les fiches.
À défaut d’en savoir plus sur ces femmes, les espaces blancs
jouent pleinement leur rôle; celui de contraindre à la non-existence
la contribution monumentale des femmes autochtones à l’histoire des Amériques.

Rappelons-nous qu’elles sont là. Qu’elles n’ont jamais cessé d’exister.

Sylvie Paré, Commissaire



Photographies de l'exposition
Centre d’art actuel Langage Plus, 2017

Oubliées ou disparues :
Akonessen, Zitya, Tina, Marie et les autres


Un texte de Marie-Andrée Gill


L’image de la femme autochtone telle qu’inventée par la colonisation est restée accrochée aux têtes, comme tous les clichés de la méconnaissance.
Femmes libres, femmes aimantes, enveloppant de leur chaleur des millénaires de culture et de soins, étaient vues comme simplement belles et dociles, sans foi ni loi : elles ont été désincarnées.

Cette image objectivée est restée, et a abouti à une inévitabilité : la fragilisation.
De ces constats historiques est resté ce qu’on voit aujourd’hui, un désastre familial et collectif : les mères, les amies, les sœurs, Akonessen, Zitya, Tina, Marie... oubliées ou disparues.

Toute la lourdeur du mot « oubliées » est d’un poids universel immense.
Être née femme autochtone au Canada : toute cette violence pour une condition incontrôlable basée sur un fait de naissance.

Le savoir-faire des femmes est une tradition empreinte de douceur et de force en même temps. Un mélange de beauté et de réconfort. Là où plusieurs sont disparues d’autres sont toujours là pour recréer l’espoir, tisser une mémoire qu’on a trop longtemps laissée de côté. Elle sont centrales, tiennent la résistance dans leur patience infinie, sont le pilier des générations qui se succèdent dans ce monde qui penche vers ses limites. Elles sont fortes et réussissent à nous faire respirer dans le tangible d’une résolution.
Les femmes sont l’assise de toute vie et chacune mérite le respect, de manière égalitaire. Et là, les femmes se brisent, les femmes disparaissent. Les hommes tombent. Un cercle diffus s’est formé. Les femmes, autant que les hommes, amènent par leurs connaissances et leur persévérance un équilibre dans toute culture saine. Quelque chose se passe. On sent que le vent se lève, avec le souffle de la réappropriation.

Comment transcender l’oubli?
L’art et ses multiples messages nous ramènent toujours au brulant de nos organes, à l’évidence de nos chairs soudées.
Avec pour armes les miracles de la douceur et de l’empathie nous avancerons dans cette trop longue histoire de déshumanisation qui doit être ramenée aux fondamentaux de nos consciences.
Ces femmes, ce sont toutes les femmes du monde. Regardons leur histoire en face. Regardons notre histoire.


Les artistes et les oeuvres


Oubliées ou disparues :
Akonessen, Zitya, Tina, Marie et les autres

 
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ARTISTE ANONYME

 

 
 

 
 

 
Artiste anonyme
Disparition institutionnalisée
2015
Impression jet d'encre au latex sur toile, bois et métal
Dimensions variables
 

 
Photographie : La Boîte Rouge VIF

SYLVIE BERNARD

Wôlinak, nation abénakise

Biographie
D’un père abénakis et d’une mère québécoise, c’est en tant qu’auteur-compositeur-interprète que Sylvie Bernard s’est d’abord fait connaître au Québec. Artisane, elle est consultante et spécialiste dans l’art de la broderie perlée.

 


 
Les noms-dits
60 sculptures portables dédiées à 60 femmes sans nom
Marie Sauvagesse le 11 juin 1724, a été inhumée dans le cimetière du lieu avec les cérémonies ordinaires. Laquelle est décédée hier âgée de vingt-cinq ans, épouse de Jean-Baptiste Sauvage du village de Bécancour; à son inhumation furent présents Louis son père, Joseph, Michel tous sauvages.

À la lecture du récent répertoire des Actes de sépulture Les Abénakis de Wôlinak (1719-1899), on constate que la seule trace de l’existence d’hommes, de femmes et d’enfants de ma communauté n’est souvent qu’un prénom inscrit par un prêtre. Au cimetière du village de Bécancour où ils sont enterrés, aucune trace, aucune commémoration. Près de trois cents ans plus tard, comment déjouer le cours de l’histoire? « Héritière de leurs savoir-faire, comment les rappeler en souvenirs heureux »?

C’est ainsi qu’est né le projet Les noms-dits. De tous ces êtres inscrits dans les Actes de sépulture, j’ai choisi de « tisser l’oubli » de 60 femmes inhumées sans nom, sur les terres de ma communauté. « Pour chacune d’elle, je créerai une sculpture portable, symbole du prolongement de l’âme; un objet précieux dont les femmes se parent pour marquer leur propre identité ».

Ce projet de création en art visuel me permet de renouer avec une page oubliée de l’histoire des Abénakis de Wôlinak. Il se veut une conversation avec la mémoire et des monuments en hommage à tous mes ascendants sans nom.


Sylvie Bernard,
Héritière de savoir-faire ancestral.
 

 
 

 
 

 
Sylvie Bernard
Sculpture portable - vêtement
2015
Peaux d'écureuil et de vison, laine de chèvre et lin
182 x 121 cm
 

 
 

 
 

 
Sylvie Bernard
Sculpture portable - croix
2015
Bois, cœur de plume et fibre de verre
304,80 x 213 x 10,16 cm
 


 
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LISE BIBEAU

Odanak, nation abénakise

Biographie
Lise Bibeau (1949-2017) était une artisane multidisciplinaire. Elle s’intéressait au travail de l’écorce de bouleau et de la vannerie abénakise qui s’allient à des concepts de mobilier et d’éléments de design diversifiés.

 

 
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ANNETTE NOLETT

Odanak, nation abénakise

Biographie
Annette Nolett est une artisane experte dans la pratique de la vannerie abénakise. Elle crée des œuvres originales afin de favoriser la transmission de son savoir-faire traditionnel auprès des jeunes de sa communauté. Elle enseigne également les rudiments de cette technique dans le cadre d’ateliers de formation qu’elle a mis sur pied.

 

 
 

 
 

 
Lise Bibeau et Annette Nolett
Wanilh8jik phanemok (femmes disparues)
2015
Frêne noir, corde de coton, foin d’odeur et cèdre
30 x 60 x 38,1 cm

Hommage à Flore Villandré
 

 
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DIANE BLACKSMITH

Mashteuiatsh, nation ilnue

Biographie
Diane Blacksmith pratique de façon professionnelle l’artisanat traditionnel depuis l’âge de 12 ans. Le cuir, les poils de caribou, l’écorce de bouleau et les aiguilles de porc-épic sont quelques-uns des matériaux qu’elle utilise.

 

 
 

 
 

 
Diane Blacksmith
Châle de Kukum
2015
Peau d’orignal, broderies de perle et de fil de coton, bouleau
Dimensions variables

Hommage à nos mères, grands-mères, arrière-grands-mères qui nous ont transmis leur savoir-faire, leur patience, leur courage, leur passion de travailler leurs ouvrages. Un gros remerciement du plus profond de notre cœur.
 
 
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HANNAH CLAUS

Baie de Quinte, nation kanien’kehá:ka/mohawk

Biographie
Hannah Claus est une artiste multidisciplinaire d’ascendance kanien’kehá:ka/mohawk qui travaille notamment l’installation et la vidéo. Elle enseigne l’art autochtone contemporain à l’Institution Kiuna (Odanak, QC), seul établissement postsecondaire autochtone au Québec.

 

 
 

 
 

 
Hannah Claus
For those who didn’t make it home/Pour celles qui ne sont jamais revenues
2015
Tulle en métal et projection vidéo
11 cm (hauteur) x 152,4 cm (diamètre)
 

 
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Oeuvre collective

(Sylvie Paré, Diane Blacksmith, Lise Bibeau, Jocelyne Fortin,
Milène Essertaize, Mélissa Corbeil, Claudia Néron,
Justine Bourdages et Camille Perry)

 

 
 

 
 

 
Oeuvre collective
(Sylvie Paré, Diane Blacksmith, Lise Bibeau, Jocelyne Fortin, Milène Essertaize, Mélissa Corbeil, Claudia Néron, Justine Bourdages et Camille Perry)
Chambre d'une jeune fille disparue
2017
C’est la chambre de toutes les jeunes filles autochtones, ces objets qu’elle aime, qui témoigne de sa vie entre deux cultures. Pour les proches, c’est la tragédie de se retrouver avec une chambre vide du jour au lendemain.
 

 
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AKIENDA LAINÉ

Wendake, nation huronne-wendat

Biographie
Akienda Lainé est un artiste multidisciplinaire. Ses intérêts principaux sont le cinéma et la télévision ainsi que la musique. Provenant d’une famille autochtone alliant deux nations (sa mère est innue et son père est wendat), sa passion pour sa culture ainsi que la culture autochtone internationale l’ont amené à se produire en spectacle dans plusieurs pays à travers le monde parallèlement à sa carrière en cinéma et en télévision.

 

 
 

 
 

 
Un film de Akienda Lainé
Femmes disparues, 2017
Une production de La Boîte Rouge VIF
Vidéo de 9 min 36 s

Vox pop auprès des Premiers Peuples, au sujet des relations hommes-femmes et du dossier des femmes et des filles autochtones disparues ou assassinées.
 

 
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MARIETTE MANIGOUCHE

Mashteuiatsh, nation ilnue

Biographie
Artisane ilnue, Mariette Manigouche possède une grande maîtrise des savoir-faire traditionnels de sa nation, notamment la fabrication des tentes traditionnelles, la broderie, la couture, le tressage et les processus de traitement des peaux. Elle aime relever des défis techniques dans sa création.

 

 
 

 
 

 
Mariette Manigouche
Petit baluchon et mitaines
2015
Peau d’orignal, broderie de perles, fourrure de lapin et laine bouillie,
foin d’odeur, pierres et œuvre de : Armstrong, William
Portrait of an Indian woman
1861
Impression jet d'encre au latex
(Œuvre originale, huile sur carton)
30 x 24,9 cm
Acc. #15185
Collection Musée des beaux-arts du Canada
43 x 51 x 43 cm
 


 
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NADIA MYRE

Kitigan Zibi, nation anishinabe

Biographie
Nadia Myre est une artiste multidisciplinaire anishinabe qui explore les notions de perte, de désir, d’identité et de mémoire. Dans son travail, elle utilise des processus collaboratifs comme stratégies de création.

 

 
 

 
 

 
Nadia Myre
Sans titre
2015
Vidéo
Dimensions variables

 
 
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SYLVIE PARÉ,
commissaire

Wendake, nation huronne-wendat

Biographie
D’une mère huronne-wendat, Sylvie Paré est artiste en arts visuels et muséologue. Elle s’intéresse entre autres à la question du devoir de mémoire dans sa pratique artistique. Elle agit comme commissaire dans le cadre de ce projet.

 
 
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DIANE ROBERTSON

Mashteuiatsh, nation ilnue

Biographie
Diane Robertson (1960-1993) fut une figure marquante de l’art contemporain autochtone. En plus du dessin, elle est connue pour ses installations et ses performances. Disparue en plein envol d’une carrière florissante, elle a participé à de nombreux événements au Québec et à l’international avant de s’éteindre subitement.

 

 
 

 
 

 
Diane Robertson
Études de corps
Médium : crayons de couleur, sanguine, fusain, pastel sec sur papier à croquis
62 x 46 cm
Prêt de la Fondation Diane Robertson inc.
Musée amérindien de Mashteuiatsh


1. Corps de femme
Sans date
Crayons de couleur sur papier à croquis

2. Femme assise
Sans date
Sanguine sur papier à croquis

3. Visage
Sans date
Fusain et crayons de couleur sur papier à croquis

4. Femme couchée
1983
Pastel sec sur papier à croquis
 

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